lunedì 9 agosto 2010

L'AUTRE REINE DU CRIME


FROM LE MONDE LIVRES
Margery Allingham

A quoi tient le succès ? Pourquoi une oeuvre célébrée ici reste-t-elle confidentielle ailleurs ? Comment des auteurs d'égal talent, écrivant à la même époque et dans le même domaine, peuvent-elles connaître des fortunes si diverses, l'oubli pour l'une, la gloire universelle pour l'autre ?

Margery Allingham n'était pas moins habile qu'Agatha Christie - et beaucoup plus drôle ; ses intrigues étaient aussi bien ficelées, ses personnages plus originaux et son style plus pur que celui de la reine du crime, qui lui rendra d'ailleurs un hommage posthume, en 1956 : "La véritable question est la suivante : "De combien de romans policiers se souvient-on après les avoir lus ?" De très peu en vérité. C'est ici que Margery Allingham brille de tous ses feux. Tout ce qu'elle écrit témoigne en effet d'une forme immédiatement perceptible. Elle possède également une autre qualité qui est très rarement associée au roman policier : l'élégance."

Or, tandis qu'Agatha Christie est devenue un mythe, et que ses titres comptent encore parmi les plus vendus en France, Margery Allingham n'est pratiquement plus lue en dehors du monde anglo-saxon, où ses livres restent des classiques du roman d'énigme. Pourquoi ? Mystère. "Elle a été victime d'une sorte de malchance due aux éditeurs", estime François Rivière, qui préface la réédition de ses principaux romans chez Omnibus - en même temps que Baker-Street publie l'un de ses inédits.

Dans les années 1930, alors qu'elle fait les beaux jours de l'édition britannique ou américaine, l'"autre reine du crime" n'intéresse guère les Français : un livre chez Gallimard puis quelques autres aux éditions Empreinte. Les lecteurs ne suivent pas. "Elle était très excentrique, plus littéraire, moins simple qu'Agatha Christie, ajoute le critique. Cela n'a pas pris."

Il n'est pas trop tard pour découvrir ces petits trésors d'imagination et d'humour, à l'image de leur héros récurrent, Albert Campion, l'une des figures les plus originales de la littérature policière. Ce grand jeune homme mince aux cheveux gominés, affublé d'une paire de lunettes en écaille, joue les godiches et possède l'art de se faire oublier. C'est pour mieux cacher son jeu. Issu de l'aristocratie (l'auteur aurait pris pour modèle le duc de Windsor, futur époux de Wallis Simpson), il fait profession de non-conformisme, fréquente la pègre et vit à Piccadilly, au-dessus d'un poste de police.

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